"Je reviens de loin", "j'ai tout donné" : les magnifiques réussites de l’aide sociale à l’enfance
« C’est vrai que je reviens de loin », souffle Clara, 18 ans, en mesurant le chemin parcouru. À l’invitation du Département de Moselle, cette jeune femme qui a décroché un bac pro ASSP (Accompagnement, soins et services à la personne), participe à la première cérémonie organisée en l’honneur des jeunes diplômés de l'aide sociale à l'enfance (ASE).
« J’ai été placée à l’âge de 14 ans. J’ai d’abord passé huit mois au centre départemental de l’enfance de Forbach avant de rejoindre la Mecs (Maison d’éducation à caractère social) de Sarreguemines. Au début, je n’allais plus en cours et je n’avais pas les bonnes fréquentations. Mais j’ai réussi à m’y remettre, grâce à elle », explique Clara en montrant du doigt Sandra, son éducatrice. « Elle était déscolarisée, fugueuse, cela a été dur de la raccrocher. Il y a eu des hauts et des bas, mais elle a eu envie de s’en sortir. Pour nous, fêter leur diplôme aujourd’hui, c’est la plus belle des récompenses », confie la professionnelle. Aujourd’hui, Clara ambitionne de devenir auxiliaire de puériculture.
Le Département est en charge de recueillir et de protéger les mineurs placés par la justice ou arrivant de l’étranger sans être accompagnés. C’est ce qu’on appelle l’aide sociale à l’enfance. L’année scolaire dernière, 87 jeunes qui en sont issus ont décroché un diplôme : 56 CAP et BEP, 17 bacs pros, 11 bacs généraux, 3 BTS/DUT et une infirmière diplômée d’État. En cette soirée de fête, Marie-Louise Kuntz, vice-présidente déléguée à la protection de l’Enfance, est d’humeur guillerette. ces dernières années, l'aide sociale à, l'enfance a souvent occupé l'espace médiatique de manière plutôt négative, les conditions d’accueil d’urgence ou d’encadrement ayant été maintes fois dénoncées. Alors tous ces magnifiques exemples de réussites qui l’entourent la comblent de joie.
« Pas de fatalité »
« Quel bonheur de vous voir réunis ! Vous êtes des pépites dont la France a besoin. Vous avez parfois eu des parcours de vie difficile. Certains ont parfois traversé un autre continent pour arriver ici. Mais il n’y a pas de fatalité. Avec du travail et de la détermination, tout est possible », leur a dit l’élue avant de remettre à chacun, avec Christelle Loria-Manck, un parchemin de félicitations et une carte-cadeau de 80 €.
Arrivée du Congo en 2022, Lottie, 17 ans, a obtenu un bac pro commerce au lycée de Freyming-Merlebach et débuté un BTS gestion des petites et moyennes entreprises avec l’espoir de travailler dans les ressources humaines : « C’est une fierté. Ce n’était pas facile mais j’ai tout donné. En France, j’ai reçu un excellent accueil. J’ai été bien accompagnée et j’ai su saisir cette chance. »
Travailleurs et volontaires
À ses côtés, Sharif, bientôt 18 ans, vient lui d’Afghanistan. Il a obtenu un CAP hôtellerie, café, restauration : « Dans mon pays, je n’allais pas à l’école. Alors ce premier diplôme, cela me donne beaucoup de force pour continuer », explique celui qui bosse déjà dans une brasserie. Passé par Vigy, puis le foyer Carrefour de Metz, le voilà maintenant en appartement. Il se plante devant la cheffe de service du CMSEA de Metz, en charge du suivi des mineurs non accompagnés , pour la remercier : « C’est elle et son équipe qui m’ont montré le bon chemin. » La professionnelle apprécie : « Je ne suis pas surprise de la réussite de ces jeunes car ils sont travailleurs, volontaires et déterminés. Ils méritent d’être connus et reconnus. »
