En construisant des bancs, les jeunes s’approprient leur quartier
Mathis souhaitait devenir boulanger. « Un choix par dépit », selon Hind Gariti, son éducatrice spécialisée du Comité mosellan de sauvegarde de l'enfance, de l'adolescence et des adultes (CMSEA). Mais depuis quelques jours, une question le taraude : pourquoi ne pas exercer la menuiserie ? Un début de vocation bâti cette semaine, en construisant, aux côtés de six autres copains du quartier, des bancs en bois.
Créer des vocations
En quatre jours, les jeunes des Hauts-de-Vallières ont assemblé trois pièces de mobilier urbain dans le cadre d'un atelier jeune. Le programme de la semaine est coordonné par Gilles Zeihen, éducateur technique en charge de transmettre des savoir-faire. Son rôle ? « Planter la petite graine dans la tête des adolescents ».
Cette dernière a, semble-t-il, bien germé… « Dès septembre prochain, nous travaillerons avec Mathis sur son projet professionnel dans le but d'intégrer un CAP menuiserie », poursuit son éducatrice.
Créer des vocations, dans le meilleur des cas. Ou a minima « donner du sens à ce que peuvent faire les jeunes », d'après les mots de Sébastien Duclos, chef des équipes de prévention spécialisée du CMSEA. Tel est l'esprit dans lequel s'est développé le projet.
Quatre jours durant – à partir de 9h du matin – ces garçons de 14 à 16 ans se sont attelés à améliorer leur cadre de vie, en engrangeant de nouvelles compétences. « J'ai appris à construire des bancs », résume Sullyvan, 14 ans. « Moi, je trouve qu'on a appris à travailler en équipe », s'enthousiasme quant à lui Tedjedine, 15 ans.
Ambassadeurs
« Ce que vous faites, c'est de la qualité pour vous et pour les autres. Vous devenez des ambassadeurs après avoir été constructeurs : ce sera comme ça pour tout ce que vous ferez dans votre vie », félicite Sébastien Duclos. Une chose est sûre, les jeunes sont attachés à leurs nouvelles créations, et débattent déjà de l'endroit où elles seront installées. À l'applaudimètre, « le rond » – un petit parc du quartier –, est plébiscité.
Ils resteront vigilants face aux dégradations. « Si je vois quelqu'un l'abîmer, ça va mal aller », sourit l'un d'eux.
Article et photographie parus dans Le Républicain Lorrain - Le 19 juillet 2023