L'histoire de Christophe, bénéficiaire du centre Les Wads
À 14 ans, il consommait déjà de l'alcool, à 16 ans, il commençait l'héroïne. Aujourd'hui âgé de 44 ans, Christophe, originaire de Forbach, tente de sortir de ses addictions. Il s'est dirigé vers le centre Les Wads, rattaché au CMSEA, et qui vient notamment en aide aux toxicomanes.
« Ai-je vraiment mérité qu'on m'aide ? » Cette question, Christophe, 44 ans, toxicomane, se la pose régulièrement. Au centre Les Wads, à Forbach , il a trouvé un soutien pour sortir de ses addictions, qu'il traîne depuis l'adolescence et ont progressivement détruit sa vie. Plus précisément, c'est une injonction thérapeutique du tribunal de Sarreguemines qui l'a mené là. « Après une condamnation pour usage de stupéfiants en 2019, j'ai dû m'engager à un suivi médical et psychologique. »
Ici, dans des locaux discrets, situés à côté de la gare de Forbach, des médecins peuvent le prendre en charge. « Ça m'a sauvé la vie, ils m'aident à me remettre sur les rails, à reprendre ma vie en main », souffle-t-il. Le centre Les Wads fait partie du pôle inclusion sociale du Comité mosellan de sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence (CMSEA). Il apporte gratuitement une aide aux toxicomanes et aux personnes souffrant d'addictions de façon générale. Celui de Forbach accueille un public de toute la Moselle Est. Un second centre existe à Metz.
« Des cuites avec mon père »
Pour Christophe, cette obligation de soins est véritablement salvatrice. « J'étais dans ce monde de toxicomanes depuis des dizaines d'années, je ne pensais pas en sortir un jour. » Aujourd'hui, c'est avec une voix claire et posée, sans trembler, qu'il raconte son histoire. « Ça a commencé par l'alcool, souvent et en grande quantité, dès l'âge de 14 ans. Je vivais seul avec mon père, lui-même alcoolique. On prenait des cuites ensemble. Il m'encourageait presque en ce sens. ». Rapidement, il s'est mis à consommer plusieurs litres de bière par jour. « C'est un alcool peu cher. À partir de six ou sept pintes, je commençais à être bourré. »
« Je vivais dans un monde parallèle »
Puis, à l'âge de 16 ans, « influencé par de mauvaises fréquentations », il commence l'héroïne par injection. « Rapidement, j'ai plongé. Mon univers était celui des drogués. Quand on s'y trouve, on vit dans un monde parallèle, on ne se rend même pas compte qu'il existe autre chose, à côté. » Viré plusieurs fois des sociétés d'intérim pour ses problèmes d'alcool, Christophe s'enferre à chaque fois un peu plus dans ses addictions. « Chaque matin, au réveil, j'étais en état de manque, tremblant et en sueur. Je ne savais pas ce que mon corps me réclamait, mais il avait besoin de consommer quelque chose. » Plusieurs fois, Christophe est condamné pour usage de stupéfiants. « C'est un cercle vicieux… Mon entourage n'est composé que de personnes accros à l'héroïne et à l'alcool… »
Cirrhose et hépatite alcoolique
Jusqu'à ce que les médecins lui détectent une cirrhose et une hépatite alcoolique. « J'étais gonflé comme un ballon, mon foie était foutu. J'ai eu la chance inespérée de pouvoir être greffé. C'est là que je me suis dit : mais pourquoi me sauver moi, pauvre toxico et alcoolique ? Alors, je me dis que je dois tout faire pour m'en sortir. »
Depuis deux ans, le quadragénaire se rend régulièrement au centre pour continuer à soigner ses addictions. « Il faut beaucoup de temps et je rechute régulièrement », reconnait-il. « Aujourd'hui, je suis dans une sorte d'entre-deux. Je ne m'en suis pas encore sorti, mais les choses s'équilibrent pour moi. » Avec Jennifer, sa compagne depuis vingt ans, il emménagera bientôt dans un appartement thérapeutique, proposé par Les Wads, pour permettre une transition en douceur. « Ce sera un nouveau départ », espère Christophe.
Proposer du matériel propre et des conseils aux usagers
À Sarrebruck, une salle de consommation à moindre risque, communément appelée « salle de shoot », a ouvert ses portes en 1999. « Nous n'en sommes pas là à Forbach, mais nous allons bientôt expérimenter un accompagnement et une éducation aux risques liés à l'injection, sous le sigle Aerli », annonce Frédéric Kaleta, directeur adjoint des Wads. L'idée ? « Proposer aux usagers des conseils sur la façon de s'injecter la drogue, pour diminuer les impacts sur le corps, ne serait-ce que par l'inclinaison de la seringue. La personne montrerait sa façon de procéder aux professionnels sur place et ceux-ci leur livreraient quelques conseils. Il s'agirait aussi de proposer du matériel propre, pour des injections plus sécurisées. » L'objectif est notamment de diminuer les risques de transmission du VIH.
Actuellement, un centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud) est déjà rattaché aux Wads de Forbach. « Nous organisons des maraudes. Une infirmière sillonne le territoire pour aller à la rencontre des toxicomanes ou des alcooliques, pour leur apporter une aide et du matériel stérilisé. » Quelque 200 personnes sont suivies de cette façon en Moselle Est.
Comment contacter Les Wads ?
Les Wads sont rattachés au Comité mosellan de sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence (CMSEA), via le pôle inclusion sociale.
Le centre Les Wads de Forbach est ouvert du lundi au vendredi, de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h. Il est situé 12 place Robert-Schuman, 57600 Forbach. Tel : 03 87 74 41 58. Site internet : www.leswadscmsea.fr. Sur Facebook : Wally Wads.
Un deuxième centre existe à Metz : 26 Rue du Wad-Billy, 57000 Metz.
Article de Gaëlle KRAHENBUHL paru dans le Républicain Lorrain