Gendarmerie-CMSEA : assurer le suivi social post-intervention à Sarrebourg
La gendarmerie de Sarrebourg est loin d'être le pays des rêves. Auteurs et victimes de méfaits s'y retrouvent dans le cadre d'enquêtes parfois difficiles sur le plan psychologique. Si les militaires savent y faire pour s'occuper des auteurs, un manque se fait parfois sentir dans le suivi des victimes, notamment de violences.
Depuis mars, Hélène Moretti, professionnelle du social , travaille chaque semaine en collaboration avec les gendarmes. Elle est une ISCG, comprenez Intervenante sociale en commissariat et gendarmerie. Et trois ans après le lancement en septembre 2019 du Grenelle des violences conjugales, son rôle est loin d'être mineur.
Si le concept n'est pas nouveau - il existe depuis les années 80 dans les pays anglo-saxons et les premiers postes ont été ouverts il y a une vingtaine d'années en France -, cette démarche régulière est plus nouvelle à Sarrebourg. « Nous collaborions avec le CMSEA (Comité mosellan de sauvegarde de l'enfance, de l'adolescence et des adultes) sur certaines affaires, notamment les violences intrafamiliales, note le capitaine Pascal Rodoz, commandant de la compagnie de Sarrebourg. Mais ils sont basés à Forbach et nous nous rendions bien tous compte qu'il fallait développer le service en Moselle-Sud pour davantage d'efficacité. »
Un vide territorial comblé
Pour combler ce vide territorial, le CMSEA Espoir de Forbach a lancé un appel d'offres pour recruter une personne pour le territoire. Hélène Moretti, bien connue à Sarrebourg pour ses compétences en médiation familiale, a été retenue. Avec le capitaine Rodoz, la confiance s'est installée rapidement. « Nous intervenons chacun dans notre domaine de compétences », indique Hélène Moretti. En examinant les situations de certains dossiers traités par les gendarmes, elle estime si son intervention pourrait être utile auprès des victimes comme des auteurs.
« Nos rôles sont complémentaires, assure Pascal Rodoz. Nous traitons les auteurs ; l'ISCG accompagne et propose des solutions personnalisées aux personnes en détresse. » Ce peut être de la mise en sécurité, la suggestion d'un suivi psychique ou social, une simple écoute. « Qu'elles soient victimes ou auteurs, les personnes avec qui je prends contact sont aiguillées en fonction de leurs besoins », note Hélène Moretti.
Une hausse de 13,6 % des violences familiales
Et l'activité ne manque pas. « En huit mois, les violences intrafamiliales ont augmenté de 13,6 % en Moselle, explique le capitaine Rodoz. Nous sommes 475 gendarmes en Moselle à être formés pour le recueil de la parole des victimes. Mais la suite, c'est Hélène qui s'en charge. »
Elle se présente, après enquête ou audition, auprès des personnes. Elles sont souvent d'accord pour collaborer avec ce bras social de la justice. « L'objectif est de s'appuyer sur le réseau de services d'accompagnement pour éviter une récidive, un drame, une escalade de la situation, insiste Hélène Moretti. Les échanges restent confidentiels. De même, je n'ai pas accès à certains éléments du dossier d'enquête. »
Depuis mars, elle est intervenue dans 92 dossiers, majoritairement des violences sur des femmes. « Les retours sur ce « service après-vente » sont positifs, indique Pascal Rodoz. L'image de la gendarmerie s'en trouve améliorée, et nous approfondissons ainsi la notion de service public plus efficace qui nous est cher. »
Article paru sur le Républicain Lorrain du 16/09/2022