Inclusion sociale

CheckLabs : le labo préventif identifie la vraie composition des stupéfiants de tous les usagers

CheckLabs : le labo préventif identifie la vraie composition des stupéfiants de tous les usagers

18 Février 2025
C’est gratuit, anonyme, confidentiel et méconnu : tous ceux qui le souhaitent peuvent faire tester la composition de leurs drogues, quelle que soit leur provenance. Cet outil de prévention, appelé CheckLabs, est proposé par le Comité mosellan de sauvegarde de l’enfance de l’adolescence et des adultes (CMSEA) et soutenu par l’Agence régionale de santé (ARS).

« Les produits sont globalement plus dosés qu’il y a dix ans. La cocaïne est moins chère. Le gramme est à 40-50 €. Donc elle est plus pure. C’est la loi du marché. Or, si elle est plus dosée, le risque mortel est plus important. Mais les consommateurs ne le savent pas », explique Thibaut Massot, chimiste et chef de projet, responsable du laboratoire CheckLabs.

 

900 analyses par an : une courbe exponentielle


Des enveloppes anonymes arrivent par voies postales. Certains colis sont adressés par les centres hospitaliers. Tout un chacun peut aussi pousser la porte… pour faire identifier la composition de ses produits stupéfiants. Au Comité mosellan de sauvegarde de l’enfance de l’adolescence et des adultes (CMSEA), place des Paraiges, à Metz, pas d’hypocrisie : les drogues, achetées dans la rue, sur le dark web ou dans d’autres pays d’Europe, circulent. Et leur consommation augmente.

Depuis décembre 2020, le CMSEA de Metz propose un dispositif gratuit, anonyme et confidentiel évidemment. Le CheckLabs permet de savoir ce que contiennent réellement les sachets, barrettes ou cachets. En tout, 900 analyses ont été réalisées en 2024, venues de Lorraine et Champagne-Ardenne, soit 60 % de plus qu’en 2023.

 

Sortir de la représentation du drogué, précaire et délinquant 


Le programme est soutenu par l’Agence régionale de santé (ARS), pour limiter les risques. Sans jugement. « Il faut savoir ce que l’on consomme. Quel que soit le psychotrope que l’on prend, le choix doit être éclairé », insiste Lionel Diény. Le directeur d’établissements fait le parallèle avec les drogues licites. Tabac et alcool ont un coût plus important avec 115 000 décès par an, contre 638 décès liés à une surconsommation de substances psychoactives en 2022. « Ceux qui apprécient le vin prennent plaisir à connaître le degré d’alcool, le cépage. Ils choisissent de boire dans un environnement sécurisé, sans prendre la voiture. On propose exactement la même démarche. »
 

Il faut sortir des représentations du drogué, précaire, délinquant. « C’est un phénomène de société, une réalité sociale, vieille comme le monde. »

Principal exemple : la cocaïne. Selon la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives , ses effets psychostimulants sont recherchés par un public plus large, « touchant toutes les catégories socioprofessionnelles ».
 

Des produits de synthèse qui évoluent très vite


L’autre volet de recherche, ce sont les produits de coupe et adjuvants. Certains sont dangereux par nature. Des interactions peuvent avoir de grosses conséquences. « On voit des effets indésirables, des jeunes hospitalisés, notamment avec les cannabinoïdes de synthèse », note Thibaut Massot. Ils peuvent être synthétisés sous forme de poudres, de liquides (ou e-liquides) ou d’huiles à de très fortes concentrations. Ils sont commercialisés sous les noms de « Spice, Pète ton Crâne ou PTC ». Parfois, une composition (pas toujours fiable) est inscrite sur l’emballage, avec des « conseils » d’utilisation (à fractionner, à partager). Mais ces compositions sont très variables. Et les produits mis en vente évoluent très vite (parfois plus vite que la législation).
 

Des résultats transmis par téléphone pour "tiser un lien"


Les résultats sont ensuite communiqués soit au bout d’une demi-heure si l’usager se déplace, soit par téléphone. Il n’entendra ni jugement ni d’encouragement à l’arrêt. « L’objectif est de retisser du lien. Nous n’avons pas un discours moralisateur mais voulons faire évoluer les consciences, conduire au comportement le plus adapté. » L’occasion aussi de rappeler que le CMSEA propose des consultations pour faire un point sur sa consommation, une aide, un soutien. « Le CheckLabs, c’est un outil, une porte d’entrée. Le cercle est vertueux : on analyse, on documente, on comprend et on accompagne. ».

Article et photo du Républicain Lorrain paru le 17 février 2025.

 






 
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