Cantines : les travailleurs en situation de handicap ont du talent
À Metz, l’Atelier des talents prépare 1 350 repas par jour, dont une majorité à destination des cantines de Montigny, Lessy, Sainte-Ruffine et Châtel-Saint-Germain. 65 travailleurs en situation de handicap s’affairent dans les cuisines, encadrés par treize moniteurs.
Les Jeux Paralympiques ont médiatisé l’inclusion par le sport. Qu’en est-il de l’emploi ? Les chiffres ne sont pas bons. « 12 % des personnes reconnues handicapées étaient au chômage en 2022, 1,7 fois plus que la moyenne nationale », relève l’Observatoire des inégalités.
Des initiatives fortes existent toutefois. Tous les repas des cantines de Montigny-lès-Metz , Lessy, Sainte-Ruffine ou encore Châtel-Saint-Germain sont réalisés par des travailleurs en situation de handicap. Pour observer l’énergie des équipes, il faut se rendre à l’Atelier des talents. L’Esat (établissement dédié aux travailleurs handicapés) a ouvert en 2018 sur la zone des Deux Fontaines, à Metz. La structure dépend du CMSEA, acteur phare du handicap en Moselle. « Nous préparons 1 350 repas par jour, dont 900 à destination des scolaires », explique Matthieu Blauwart, responsable de la restauration. Les 450 autres repas sont servis à des entreprises locales, comme l’usine Claas (engins agricoles).
À l’Atelier des talents, le rythme est soutenu mais pas tendu. « J’ai travaillé dans la restauration classique avant, explique Olivier, l’un des treize moniteurs. Nous sommes sur un rythme plus souple. Chaque personnalité est différente, chacun vient avec ses talents. C’est un bonheur tous les jours, tout le monde a envie de bosser. »
DU FAIT MAISON TOUS LES JOURS
Les journées démarrent dès 7 h 30, façon Rungis. Des camions livrent les denrées. Démarre un circuit strictement défini par zones rouges et zones bleues, pour éviter toute contamination.
« Comme dans toutes cantines, on ouvre des boîtes, précise Matthieu Blauwart. Mais nous mettons un point d’honneur à préparer chaque jour un plat maison, de A à Z. » D’immenses chambres froides permettent de stocker les produits frais. Puis se succèdent les salles de préparation, de cuisson, de conditionnement et d’expédition. À la découpe de poulet, on croise Alexis et Guillaume. Comme tous les employés, ils ont passé une double épreuve : un entretien et une période de stage de deux semaines. « On travaillait aux espaces verts de l’Esat avant. À la cantine, on a pu se former à un autre métier. » Au poste de cuisson, nous rencontrons Hichem. « Quand j’ai fait mon stage, j’ai supplié l’éducateur pour rester. » L’expédition se fait par deux camions réfrigérés. L’après-midi, le « train de lavage » tourne à fond, pour traiter les retours de centaine de plats en inox. Avant de remettre le couvert, le lendemain à 7 h 30.
atricle et photo paru dans le républicain Lorrain le 23 octobre 2024